20 ans de LIP – Les confessions de Fabrice Faure, fondateur du Groupe

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Fabrice Faure, fondateur du Groupe LIP, est habitué à répondre aux interviews. Mais quand il s’agit de revenir sur ses 20 ans d’entrepreneuriat, sur les hauts et les bas rencontrés, c’est une autre histoire. Pour nous, il a accepté de répondre à toutes les questions, avec son franc-parler qui le caractérise : « A 20 ans, je me disais que les gens de 50 ans étaient des gros c***. C’est pourtant l’âge que j’ai cette année mais je ne peux pas dire si ma théorie est vraie… ».

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Peux-tu revenir sur ton parcours avant de créer LIP ?

Je n’ai jamais aimé l’école même si je n’étais pas nul. En fait, tout ce qui a un attrait avec le monde de l’école, ne m’intéresse pas. Je hais ce concept et tout ce qui y ressemble. Mais je n’ai rien contre les personnes qui ont fait des études, bien au contraire ! Ça ne marche pas avec moi, c’est tout !

J’ai arrêté les études à 17 ans après l’obtention de mon bac. A l’époque, il y avait le service militaire, je suis parti à 18 ans dans les parachutistes pendant un an.

Quand je suis revenu, il a bien fallu travailler donc j’ai fait de l’intérim. A 20 ans, j’ai été embauché dans une agence d’intérim en tant que coordinateur d’agence à Saint-Quentin-Fallavier dans un grand groupe. Pendant 5 ans, j’ai gravi les échelons, on m’a viré non pas pour mes résultats mais vraisemblablement pour mon caractère.

A 25 ans, j’ai monté ma première boîte d’intérim à Lyon. J’étais associé minoritaire, je me suis refait virer au bout de deux ans et demi alors que ça marchait bien. J’ai compris que je n’étais pas fait pour être associé ET minoritaire.

Alors à 29 ans et demi, j’ai créé LIP Les Intérimaires Professionnels. Pour l’anecdote, le premier patron de LIP ce n’est pas moi, c’est mon père car j’avais une clause de non-concurrence pendant deux ans. La société LIP, créée en mars 2005, n’a démarré que le 1er juillet 2005, au lendemain de la fin de ma clause.

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Comment as-tu trouvé le nom « LIP – Les Intérimaires Professionnels » ?

J’ai cherché plein de noms, j’avais du mal à trouver. Pendant ma période de clause, j’animais des formations professionnelles pour des entreprises d’intérim qui s’intitulaient « Comment développer un planning à partir d’un intérimaire professionnel ? ». Un jour, un pote tombe sur le titre de cette formation sur le comptoir de ma cuisine et me dit « c’est pas mal ça comme nom ! ». Ce que personne ne sait, c’est que la lettre « L » est aussi un clin d’œil à Lyon.

En 20 ans, quel est ton meilleur souvenir chez LIP ?

J’aime bien dire que j’espère sincèrement ne pas encore l’avoir vécu sinon ça serait très triste. Des souvenirs j’en ai mille, dans des situations toutes différentes les unes par rapport aux autres. Chez LIP, il y a un truc que j’ai vraiment aimé dans l’ensemble, c’est que j’ai connu toutes les tailles de l’entreprise ; bosser seul comme un artisan jusqu’à ce qu’on soit une ETI comme aujourd’hui.

Si je dois retenir un souvenir qui résume toute l’histoire, c’est l’île des Embiez en mai 2015. Au-delà du fait que ça a été une fête extraordinaire, 2015 représente un virage colossal pour moi. C’est mes 40 ans qui arrivent, les 10 ans de la boîte, 10 ans de difficultés et de prises de risques que certains diront inconscientes. J’avais 8 millions d’euros de caution personnelle. LIP est devenu costaud, a commencé à gagner de l’argent et on a eu le respect des banquiers et des tiers.

Les années en 5 sont très importantes pour moi. 2025, c’est mes 50 ans, les 20 ans de ma fille et de la boîte. Tout un programme !

Et ton pire souvenir ?

Celui-là, j’espère qu’il est bien derrière moi ! (rires) C’est en 2011, quand la banque a refusé de verser les salaires des intérimaires. J’étais en déplacement à Montpellier, je commence à comprendre que les virements ne partiront pas. Ça a duré 48 heures, la banque ne m’a jamais pris au téléphone. Ça, c’est un souvenir qui est humiliant. C’est la seule fois que j’ai ressenti un sentiment de stress extrêmement important. J’ai cru que mon cœur s’arrêtait dans le TGV quand je rentrais sur Lyon. C’était l’enfer, je ne savais pas comment faire.

Derrière chaque épreuve, le principal est de se relever. Et pour y arriver, j’ai pu compter sur des personnes formidables alors quand la situation s’est débloquée, on a enfin pu respirer !

As-tu des regrets ?

Plein ! Les gens aiment dire qu’ils ont des regrets ou des remords. Moi j’en ai plein la tête. Mais je crois que professionnellement, mon plus grand regret, c’est un état de fait. Quand on est dans une entreprise qui grossit énormément et qui est poussée par des gens qui veulent évoluer avec elle, on promeut plein de personnes qu’on envoie dans le mur par bêtise et par gourmandise. Le meilleur manager n’est pas souvent le meilleur commercial. C’est vraiment le truc qui me gêne le plus chez LIP.

Quelle est ta plus grande fierté ?

A 15 ans, je voulais soit être un Victor Hugo, soit avoir un empire. Rien d’autre ne m’intéressait. Ce que j’ai aujourd’hui, c’est exactement ce que je voulais quand j’avais 15 ans.

En 1999, je bossais dans un grand groupe d’intérim avec Renaud Ponsot (actuel directeur général de LIP, ndlr) et je lui disais « je ne comprends pas ce que je fais là, je devrais être le patron de cette boutique ».

En réalité, j’ai deux grandes fiertés chez LIP : la première, ce sont toutes les carrières qui ont été bouleversées, tous ces gens qui ont gravi autant d’échelons. Et à l’échelle du temps, je pense que l’histoire de la création de LIP Family 1 en 2022 restera la chose dont je suis fondamentalement le plus fier (ouverture des actions aux salariés permanents LIP, ndlr).

Selon toi, quel est le plus grand défi que LIP a dû relever ?

Il y en a eu beaucoup et il y en aura encore ! La première décennie, le défi a été développer l’entreprise, de sortir la tête de l’eau et d’avoir une première base. La deuxième décennie, ça a été de rester droits dans nos bottes par rapport à ce qu’on veut faire, en créant un acteur majeur, en gardant nos valeurs et notre indépendance. J’aime dire que « la richesse, ça te permet juste de garder ta liberté ».

Le prochain projet, celui de la troisième décennie, c’est d’arriver à viser le milliard en restant conforme à ce qu’on est. Apporter de la croissance, passer l’épiphénomène de la crise, moderniser tous nos outils pour aider nos équipes. L’intérim ne sera pas uberisé mais on doit être capable d’apporter des outils extrêmement efficaces qui vont attirer les jeunes générations.

En parlant de changement, quel a été le plus important pour toi ?

Il y en a toujours eu et je ne crains pas le changement. Le changement majeur, c’est quand l’entreprise est devenue plus costaude et que ça a changé MA vie. On m’a foutu la paix, et je ne revivrai jamais de changement aussi majeur. Ça fait 20 ans que je vois LIP changer, grandir, évoluer ; il y a eu le covid, quand on a fait des bons ou mauvais rachats, quand on a dû faire partir des gens…

Que dirais-tu de l’ambiance chez LIP en 20 ans ? Est-elle toujours la même ?

Qu’il y ait 40 ou 400 personnes, si ton caractère est de savoir s’amuser, tu t’amuseras pareil.

Il y aura toujours des gens négatifs, qui se plaignent, qui critiquent et d’autres qui donneraient tout pour LIP. En vieillissant, je suis convaincu que tant que le créateur de l’entreprise est toujours le président travaillant et possède la majorité du capital, quel que soit le grossissement de la boîte, les choses ne changent pas, il reste le garant.

Dans 20 ans, où en sera LIP selon toi ? Et toi, où seras-tu ?

LIP sera toujours là, et j’espère dans ma famille. Je me suis fixé un rendez-vous avec moi-même dans 5 à 7 ans pour préparer l’après. Moi, dans 10 ans, je serai là. L’une des plus grandes joies que j’ai dans la vie, c’est d’aller dire bonjour à tout le monde le matin. Ça m’embêterait de ne plus faire ça.

Un mot pour les équipes LIP, les intérimaires, les clients ?

Le seul mot qui me vient à chaque prise de parole, c’est « Merci ». Merci de nous faire confiance, merci aux équipes LIP envers qui j’ai une gratitude infinie.

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